mercredi 19 décembre 2007

Lire Berthet !

D'abord commencer par les mots du camarade Smith-Garcia, clin d'oeil peau épique et complice : c'est ici, c'est beau, c'est parfait :
Puis Daimler s'en va - l'acheter, le voler, se le faire offrir pour oublier l'ordurerie des tristes nuits.
Puis une Simple journée d'été
Puis Paris-Berry
Puis Félicidad
Puis Le retour de Bouvard et Pécuchet
Enfin le Journal de Trêve.
Lire Berthet. Tout Berthet.
Pourquoi ?
Parce que la grâce qui s'y cache fait penser à celle des demoiselles parlant, la nuit sur les boulevards, aux étoiles endormies. Parce que la langue y étincelle et fout le feu aux décombres. La preuve, en vrac :
. « Voici un peu de vent et de soleil : ce qu’on aimerait exactement être. »
. « Une passante fait passer comme un oiseau son ombre sur ma table. »
. « J’ai des souvenirs comme un défilé de mode, une mémoire comme un soir de cocktail, je n’évolue jamais dans ma chronologie sans avoir un verre à la main. Se souvenir, c’est comme sortir. »
. « Que de fois n'ai-je pas entendu, dans ma vie, l'expression :
_ Mais, tu ne te rends pas compte.
Il faut croire que non.
Ou alors, pas des mêmes choses, peut-être ? ».

Lire Berthet, mort plus vivant que les morts-vivants du jour.


mardi 18 décembre 2007

Corbière dixit

Ne m'offrez pas un trône !
A moi tout seul je fris,
Drôle, en ma sauce jaune
De chic et de mépris.
Que les bottes vernies
Pleuvent du paradis,
Avec des parapluies...
Moi, va-nu-pieds, j'en ris !
- Plate époque râpée,
Où chacun a du bien ;
Où, cuistre sans épée ,
Le vaurien ne vaut rien !
Papa, - pou, mais honnête, -
M'a laissé quelques sous,
Dont j'ai fait quelque dette,
Pour me payer des poux !
Son habit, mis en perce,
M'a fait de beaux haillons
Que le soleil traverse ;
Mes trous sont des rayons.
Dans mon chapeau, la lune
Brille à travers les trous,
Bête et vierge comme une
Pièce de cent sous !
- Gentilhomme !... à trois queues :
Mon nom mal ramassé
Se perd à bien des lieues
Au diable du passé !
Mon blason, - pas bégueule,
Est, comme moi, faquin :
- Nous bandons à la gueule,
Fond troué d'arlequin. -
Je pose aux devantures
Où je lis ; - DÉFENDU
DE POSER DES ORDURES -
Roide comme un pendu !
Et me plante sans gène
Dans le plat du hasard,
Comme un couteau sans gaine
Dans un plat d'épinard.
Je lève haut la cuisse
Au bornes que je voi :
Potence, pavé, suisse,
Fille, priape ou roi !
Quand, sans tambour ni flûte,
Un servile estafier
Au violon me culbute,
Je me sens libre et fier !...
Et je laisse la vie
Pleuvoir sans me mouiller,
En attendant l'envie
De me faire empailler.
- Je dors sous ma calotte,
La calotte des cieux ;
Et l'étoile pâlotte
Clignote entre mes yeux,
Ma Muse est grise ou blonde...
Je l'aime et ne sais pas ;
Elle est à tout le monde...
Mais - moi seul - je la bats !
A moi ma Chair de poule !
A toi ! Suis-je pas beau,
Quand mon baiser te roule
A cru dans mon manteau !
Je ris comme une folle
Et sens mal aux cheveux,
Quand ta chair fraîche colle
Contre mon cuir lépreux !

Bohème chic

lundi 10 décembre 2007

Le gorille de l'Atelier - 95 Bd du Montparnasse - est un enculé de sa race ...

Une femme sublime, parfum mimosa, et trois amis se font éjecter d'un bar. Pourquoi ? Parce que monsieur le gorille, con comme Cavada, Kouchner et tous ceux qui crachent sur Chavez et Khadafi réunis, n'aime pas les casquettes. Les casquettes comme celles que portait Michel Audiard, comme celles que porte Thierry Marignac. Monsieur le gorille de l'Atelier - 95 Bd du Montparnasse - est un enculé de sa race ...

vendredi 7 décembre 2007

Graff'

Lu sur un mur de Paname, quelques mots qui sonnent, posés là à l'encre rouge : "Epidermiques à fleur de peau constellée"
Quesaco ? Je ne sais pas. J'aime beaucoup cet encastrage électrico-poétique. C'est tout.

Little Rich Girl

S'endormir, après l'amour avec miss Ylang-Ylang, en écoutant la voix déchirée d'Amy Winehouse chanter Hey Little Rich Girl des Specials : du bon, du beau, du bien qui répondent, d'un sourire, aux oiseaux moqués. Amy portait une robe grise. Miss Ylang-Ylang n'en portait pas. Quant aux oiseaux moqués, les excès d'hiver les rendent frileux.

jeudi 6 décembre 2007

dimanche 25 novembre 2007

Pantani toujours

Philippe Brunel publie, chez Grasset, "Vie et mort de Marco Pantani". Des mots de journalsite pour se souvenir du Pirate. Mieux que rien. Mais pas assez. Il faut se souvenir de Marco et le revoir comme je l'ai vu, il y a quelques années. C'était dans les Alpes, dans le col de Joux-Plane, avant Morzine. J'ai vu, entre des motos pétaradantes, Nijinski passer sur les ailes du vent. Un monstre lutin qui me rappelait que les dieux, ici-bas, dansent sur les hauts sommets.

Rock n' Drunk Punch love (Héroïne pas morte 2)

Le 6 juillet 2002
Elle m'appelle
Je suis sur un lit d'hôpital
dans le sud de la France
le poumon droit en charpie
Elle me dit qu'elle viendra
Elle est venue
A Paname (l'asphalte est à elle)
A La Roche-sur-Foron (le café de la Poste)
A La Garde (vue sur le mont Faron en flammes)
A la Pointe Saint-Mathieu (l'écume se boit au goulot)
Elle est restée
Elle m'aime
Elle s'ennuie
Elle m'aime encore
Elle me déteste
me cogne "parce que je le vaux bien", of course
Ma machoire s'en souvient
Mon nez aussi
La faute à l'arrogance
aux piques acérées
aux déculpabilisatrices jouissances
aux paroles vaines et trafiquées
Ces effrois du milieu de la nuit
Le 24 novembre 2007
Elle m'aime toujours
je crois
en s'endormant
le chat Pablo à ses pieds
lunettes noires
cachant des yeux tristes

mardi 20 novembre 2007

Quand Amy rencontre Drieu

Il faut écouter Amy Winehouse
Certaines, certains, par ici, le savent et l'écrivent
Lire l'ami Smith-Garcia :http://lesmoissonneuses.blogspot.com/2007/11/yeah-2.html
Il faut offrir la voix d'Amy Winehouse à la femme qu'on aime
Elle le téléchargera sur son Ipod et l'écoutera pendant les grèves
Il faut aussi écouter Daniel Darc
Tout Daniel Darc
Et s'arrêter sur Le feu follet
Dans les mots de Darc,
Dans les images qui s'y collent
Vous verrez
le fantôme de Maurice Ronet
le fantôme de Drieu
murmurer à la pluie
" Si je suis ton ami,
aime moi comme je suis"
Vous verrez aussi les aigreurs
s'envoler comme une mèche légère
soulevée par un vent redevenu calin


Un drôle d'histoire de noeuds

Quand Pierrot parlait, il aimait évoquer Henry Miller, les femmes qui passent et puis aussi Claudio Chiappucci dans la montée de Val-Louron en 1991. Un mec bien, Pierrot. Il venait de s’installer avec une jolie demoiselle prénommée Catherine. Tous les week-end, le jeune fils de Pierrot les rejoignait dans leur appartement de Saint-Mandé. Les gens qui ne comprennent rien disaient que Pierrot avait « tout pour être heureux ». Il faut dire que Pierrot gagnait un max de money, qu’il buvait les meilleurs alcools et portait les tissus les plus précieux. Un reflet de rêve pour une époque pourrissant en accéléré.
Une fin d’été, en vacances sur les bords du lac Léman, Pierrot a posé, en souriant, des questions bizarres à ses amis. Des histoires de nœuds qui ont fait rire tout le monde, Pierrot le premier. Pierrot riait car un médecin lui avait donné, sans y toucher, la bonne réponse. Il s’est resservi un verre, puis un autre. Pierrot était heureux. Il pouvait maintenant se taire et attendre un matin d’octobre.
Avant que la jolie Catherine ne quitte l’appartement, Pierrot l’a embrassée tendrement. Il lui a dit qu’il serait en réunion toute la journée. Pas joignable. Catherine a répondu, comme d’habitude : « A ce soir, mon amour. » Quand elle est rentrée, vers 21 heures, Pierrot l’attendait derrière le bar américain. Un sourire mélancolique aux lèvres. Catherine craquait pour ce sourire. Dès qu'elle l’apercevait, elle se moquait que Pierrot ne veuille plus d’enfant. Elle se foutait de son caractère de merde et des mots blessants. Catherine voulait lui dire tout ça, se lover contre lui. Catherine, en fait, avait très envie de baiser. Elle a regardé Pierrot une nouvelle fois. Derrière le bar américain, il l’attendait. Pendu. Le nœud était parfait.

samedi 17 novembre 2007

A sec

Plus de mots
Plus de salive
Trop de merde
non trafiquée
au dedans
Pas d'excuses
J'ai tiré toutes mes balles
dans l'ombre de ce que je suis

vendredi 16 novembre 2007

Jeunes filles post-Meetic

Elles se rendent pas compte, bien sûr,
quand minuit passe
que les vieux messieurs du monde d'avant
ont dans la tête
des bulles, des bulles, encore des bulles
et le parfait souvenir
de leur sourire
qui se plante là
où les frissons dansent la salsa
Elles se rendent pas compte,
bien sûr,
quand le froid mord les peaux,
que les mots les plus dégueulassement chargés de mort
cachent parfois,
dans le coeur fatigué des vieux messieurs du monde d'avant
un peu de beauté
pas encore morte

Elles se rendent pas compte,
bien sûr,
au petit matin des tremblements,
que les balles qu'elles tirent,
pleine tête des vieux messieurs du monde d'avant,
ont la classe folle et violente
d'une vengeance
signée
Stringer Bell ou Avon Barkesdale

Elles se rendent pas compte,
enfin,
à l'heure du spleen,
qu'elle devrait écouter
Daniel Darc
lui qui chante
"Je me souviens, je me rappelle
Ces temps, ces lieux, chers à mon cœur
Le jour baissait, j’étais près d’elle
Je me foutais bien du malheur"
Et puis aussi
"Je me souviens, je me rappelle
très doucement jouait le vent
Alors elle me semblait si belle
Alors, moi j' avais tout le temps"

mardi 13 novembre 2007

Léo Ferré - C'est extra - Bobino 1969 (encore)


Léo Ferré - Bobino 1969
Vidéo envoyée par Nicoyote
Lu sur un beau blogue cavalier une grosse bêtise : la langue française serait "naze" en musique. Ecoutons juste Léo, la plus belle chanson du monde, écoutons :
" Une robe de cuir comme un oubli
Qu'aurait du chien sans l'faire exprès
Et dedans comme un matin gris
Une fille qui tangue et qui se tait
C'est extra "
Putain de langue qui, en musique, esquisse la silhouette des exquises demoiselles de nos coeurs.

lundi 12 novembre 2007

Nuit bleue - lettre à Yvan Colonna

Colonna mis aux arrêts le 7 juillet 2003, présumé coupable par tous, jugé aujourd'hui. J'ai le souvenir d'une lettre écrite, il y a bien longtemps, sur la terrasse d’un café de Porto-Vecchio, avant l'arrestation.

Mon cher Yvan,
J'ai sous les yeux une lettre que tu envoyas le 4 janvier 2001 à U RIBOMBU, lettre de fugue, lettre du maquis, lettre postée à Paris, mais rédigée, je le sais, au milieu des sentiers escarpés, dans les cascades de rocaille des collines bleues de Cargèse, lettre s'ouvrant comme une coque de bateau sur des mots de houle :
« Cela fait quasiment 18 mois que j'ai quitté mon domicile. Depuis je suis sans nouvelles des miens comme eux le sont de moi. Si je m'exprime aujourd'hui, c'est pour répondre aux accusations portées à mon encontre. »
Le 6 février 1999, le préfet Erignac s’est écroulé, assassiné par des balles qui seraient tiennes. Jospin, qui versait sa larme à chaque commémoration, craignait les branlées électorales, et ne connaissait rien aux âmes hantées par les silhouettes maures, faisait le malin : « Colonna aura des comptes à rendre à la justice. » Ta réponse, Yvan, lui cloua le bec et traça le sillon de ta fugue :
« Je nie avec force les faits qui me sont reprochés dans l'affaire Erignac. Je n'y ai pas participé ! A ceux qui me demandent de me présenter devant la justice, je répondrai que cette justice qui a incarcéré le pauvre Marcellu Lorenzoni 18 mois avec un dossier vide et qui a relâché après deux mois de détention l'infâme Bonnet et ses sbires qui avaient comme projet celui de relancer la guerre entre nationalistes, je ne peux la cautionner. Je ne pense pas un seul instant me rendre à la justice ! »
Sous mes yeux, ta lettre, et pas loin, ta gueule, ta photo, le cliché qu'ils ont affiché partout, dans les mairies, les postes, les gendarmeries, les nurseries, les bars échangistes. En République française, on affiche les prix, ses intentions de vote, son antifascisme, sa tolérance et la trogne des derniers fugitifs à passer par les armes. Colonna : Wanted dead or alive!
Où te cachais-tu, Yvan ? Je n'en sais rien, et ne veux pas le savoir. Le fugueur est un poète des sentiers connus de lui seul, c'est un raseur des briques blanches, des ruelles que tutoient les hautaines étoiles lovées dans les poils d'un chat noir.
Tes mots, plus que tout, me parlent de toi, et de la Corse, d'une déchirure de poussière hors de l'immonde, hors de la France que les français font, malheureusement, si petite.
Tes mots ne m'entretiennent jamais d'« une affaire d'Etat », d' « un fait-divers sanglant », comme ils disent. Tes mots évoquent un drame, celui d'un homme exécuté, et celui d'un berger dans la chevelure de ses monts, un berger qui, lorsqu'il saisit sa plume, « veut profiter de l'occasion pour faire savoir à (son) épouse et à (son) fils adoré, à sa mère tant aimée, à toute sa famille, à tous ses amis qu'il est en bonne santé et que le moral est d'acier. »
Dans tes mots, j'ai vu un drame et j'ai vu une nuit bleue sans cesse bafouée, salie, niée par les petits marquisards hexagonaux, par l'orifice Mamère qui ne voyait en elle qu'un « virus ».
Oui, Yvan, pour le « vert » Mamère, l'île de Beauté est un « virus », c'est-à-dire une saleté à pulvériser.
Dans tes mots, j'ai vu une nuit bleue dessinant les contours d'un homme, toi, dans les bras d'un autre, un Monseigneur du nom de Marchiano, Archimandrite de Cargèse :
« Cette histoire, c'est une sorte de poignée de boue qui nous a été lancée au visage. Si Yvan vient me voir, je lui dirais : si tu es coupable, va le dire à qui de droit. Mais pour le moment, je n'ai aucun élément objectif pour dire qu'il l'est. »
C'est au nom de cette nuie bleue que je te salue, Yvan. François Santoni s'est fait la malle, Jean-Michel Rossi aussi, et tous les autres, et la Corse de septembre, celle des sourires d'une libellule sur la plage de Palombaggia. Ne restent que les gouttes de pluie, le silence des claquettes sous un parasol et les vieilles royalement taiseuses.
Ciao Yvan, planque-toi, n'avoue jamais ce qui doit se taire et prends soin de toi.

"Guy Moquet est le premier mort de la prochaine guerre" - M.E. Nabe

Il faut lire Nabe, toujours.
Son Billie Holiday.
Au Régal des vermines
Rideau
Nuages sur Django
Entre autres
Et puis ses tracts.
Le dernier casse encore la baraque :

Elles se rendent pas compte

Kylie Minogue, chantant avec Nick Cave et Shane Mac Gowan Death is not the end, est vraiment jolie.
Les blondes passantes du 8e, portant crucifix et rose aux joues, aussi.
Hasta Siempre par Nathalie Cardone me rappelle qu'il a existé des brunes Guévaristes.
C'était la fin des années 90, je crois.
Aujourd'hui, des jeunes filles aiment
leur père
Jean-Paul II
et Sankukaï
et puis "Alice au pays des merveilles" aussi.
Ca déchire les naïades post-Meetic.
Je me souviens d'une rousse belle comme Mylène Farmer et Axelle Red :
Elle s'appelait Candice.
Elle n'embrassait que les plus laids
telle Cass
dans "La plus jolie fille du monde"
de Charles Bukowski.
Cass, pourtant, n'a qu'un visage :
Ornella Muti.
La chatte d'Ornella Muti
dans les années 80
me fait penser à la chatte de Catherine Spaak
dans les poèmes de Jérôme Leroy.
Je n'oublie pas
Valérie Kaprisky
Marushka Detmers
Béatrice Dalle
et puis Asia
toujours Asia.
Les yeux d'Asia
dans New Rose hotel
sont un tatouage qui nous désape.
On dirait les yeux d'une plume d'ange.
Et puis il y a
les vieilles
les mortes
les malades.
Et puis
il y a "Les petits papiers"
Mélodie gainsbourgeoise post-cure
Asiat féerie
au rendez-vous de l'amour fou
Folie et plomb dans l'aile
Neurones toujours en vrac
Coups du sort et coups dans la gueule
Seins petits
et beaux comme Shu Qi.

L'Amérique de Sarko ? Rage Against the Machine


Rage Against the Machine - Killing in the name
Vidéo envoyée par Duketrasher
Remplaçons les applaudissements accueillant Nico le petit au Congrès US par la voix de Zach de la Rocha et ses camarades zikos. Une répétition pour les grèves à venir. Un salut au pécheur du Guilvinec dont les mots au Président viennent du coeur et des tripes : " Enculé ! Tu gagnes combien ? Tu t'augmentes de 140 % ? Si je descend te le dire en face, je te mets un coup de boule !" Précision pour certains : on ne parle jamais en face de Nico le petit. On parle en face des 25 bodyguards devant Nico.

samedi 10 novembre 2007

Une claque pour Nico le petit

Nico le petit - qui aime Chimène Badi, Sardou et Marc Lévy - se permet de saluer la dépouille de Norman Mailer. Benamou ou Guaino lui ont torché quelques lignes qu'il balance aussitôt. On peut lire notamment : "Il incarnait aussi l'un des héros, l'une des consciences de cette Amérique que je saluais, il y a quelques jours. "
Nico est un salaud. L'Amérique de Nico n'est pas l'Amérique de Mailer. Mailer qui disait : « Je me sens assez malheureux à cause de mon pays. Il n'est pas devenu aussi grand, aussi noble que je le souhaitais. » Mailer qui disait encore : "Nous sommes en mauvais état ! Nous sommes gouvernés par des faussaires : il y a une aspiration au changement. Nous avons honte de ce gouvernement, non seulement du point de vue de la morale, mais aussi au nom de l’efficacité." Mailer qui disait enfin : "Nous sommes 300 millions, et les attentats du 11 Septembre ont entraîné la mort de 3 000 personnes. Au risque de vous choquer, je me demande : sommes-nous si faibles qu’il fallait geindre telles des souris piégées ? Si douloureuse soit-elle, ce fut une égratignure sur notre carapace. Et nous voilà embarqués dans une guerre absurde, sans but ".

L'Amérique de Nico n'a rien à voir avec Mailer et les figures qui le fascinaient : Mohammed Ali, Marylin mais aussi les détraqués nés du système US. Norman aimait l'ombre et la lumière. Nico ne bande que sous les sunlights.
Sur Mailer, Nico doit se taire. Il ne l'a pas fait : il mérite une claque. Nico devrait plutôt chercher une femme pour ses nuits solitaires et nous laisser lire, relire, les mots explosifs de Mailer.
Lire aussi - comme toujours - ce que dit le camarade Marignac de Mailer : http://chroniquesmarignac.blogspot.com/2007/11/le-vieux-lion-nest-plus.html

Blues d'automne

Pour laisser infuser le blues d'automne,
J'allume une Bastos
que je fume en regardant
le corps endormi
de ma muse mimosa
Un corps sur lequel s'impriment
le noir de la nuit
le noir d'un caraco
le noir de sa motte
Il faudrait être fou pour
d'un mot de trop
abîmer les songes des muses mimosa
et chasser
le blues d'automne.

lundi 22 octobre 2007

Au bord des lèvres de Shu Qi







Dans Millenium Mambo
de Hou Hsiao Hsien
Shu Qi
s'appelle Vicky
Elle porte
des dessous de neige
et allume une cigarette
Une manière de nous rappeler
que nous voulons tous finir
en fumée
au bord des lèvres de
Shu Qi

La solitude du salarié au moment de l’embauche

Les slogans politiques à la mode l’affirment : « Il faut aimer nos entreprises » et ne pas rechigner à « travailler plus pour gagner plus ». De tonitruantes déclarations qui méritent qu’on s’y intéresse de près. Une tâche à laquelle les romanciers français se sont attelés depuis longtemps. Chacun peut relire avec bonheur les œuvres sans concession de René-Victor Pilhes - L’imprécateur -, François Salvaing - La boîte – ou, dernièrement, La question humaine de François Emmanuel. Prenant la suite de ces auteurs, Guillaume Noyelle dissèque à son tour l’entreprise, et les corps tristes qui s’y agitent, dans Jeune professionnel (Bartillat).
Quand il achève ses études, Guillaume porte nonchalamment une lassitude Houellebecquienne à la boutonnière : « Il fallait bien masquer l’ennui, la paresse attentive des étés au bord de la mer, dans le Morbihan. » Connaissant les règles du jeu, il trafique son curriculum vitae afin de répondre à une offre d’emploi. Rapidement, il est embauché comme International legal coordinator dans une société en pleine santé financière : « Je parlais de mon entreprise avec fierté […] J’étais content, c’était peut-être le bonheur. » Tout se passait tranquillement quand sa petite amie s’en est allée, lâchant : « Tu n’es pas quelqu’un d’exceptionnel ». Les journées de Guillaume se sont alors résumées à un fast food du soir partagé avec sa mère et à la vie de bureau. Une vie que Jeune professionnel épingle, sans haine et sans violence, de ses notations ciselées. Des blagues grasses du vieux collègue aux interminables Friday meetings sans intérêt, de fantasmes lointains en étreintes tièdes entre les bras d’une voisine d’open space : rien ne manque au tableau de chasse de Noyelle qui n’oublie pas, non plus, de faire un sort à celle qui aura sa peau : « On ne peut pas décevoir au premier abord mais déplaire, ce qui est moindre. D’emblée, Véronique paraissait sûre de sa valeur, une valeur surévaluée, spéculative. » Une fois licencié, ne restent que quelques souvenirs en clair-obscur : un exemplaire de Claire de Chardonne feuilleté aux toilettes, la silhouette fugitive d’une jeune fille « à l’allure disloquée » et une sentence qui paraphe la misère de la vie salariale : « A force de paraître, on finit par être. »
in L'Opinion indépendante, le 19/10/2007

jeudi 18 octobre 2007

Un peu de joie

. Ma muse allongée sur le lit
. Trinquer avec Thierry Marignac, gentilhomme cambrioleur du style. L'écouter. Le lire - 9'79", Snatch (texte anglais de Bruce Benderson) - dans la collection "Compact livres" du Dernier terrain vague.
. Cécilia encore plus libre que Max ou qu'une infirmière bulgare.
. Les saisons 1,2 et 3 de The Wire, ce que la télévision a offert de meilleur. Pelecanos, Price et Lehane à l'écriture.
. Un pull noir sur une peau blanche.
. Un costard-cravatte, sur son velib', finit le cul par terre.
. Le Basque de la rue Keller, Paris 11e.
. Les jambes de Faye Dunaway dans Barfly.
. "La plus jolie fille du monde", première nouvelle des Contes de la folie ordinaire de Charles Bukowski.
. Le dernier verre d'Antidote avant la fin du monde.
. La dernière Lucky Strike aussi.
. Le sourire de ma Lou'.
. Les chroniques rugbystiques de Sébastien Lapaque dans L'Opinion indépendante (En fait : lire tout Sébastien Lapaque).
. Le grain de folie de Frédéric Michalak.
. Les grains de beauté au coeur des décombres.

vendredi 12 octobre 2007

W.I.P.

Ca finit toujours comme ça.
De jolies demoiselles m'aiment un peu, beaucoup, à la folie, puis pas du tout. Elles s'appellent Elsa ou Djamila. Elles croient à mes sourires, à mes mots, à mes caresses. Elles me donnent leurs lèvres et le fond très doux de leur coeur. Avant de choisir, sur le fil du rasoir, le chemin des fugues.
L'amour fou, elles en ont leur claque. Trop de folie, l'amour passé à tabac. Trop de traces laissées comme des poings qui s'écrasent sur un beau visage. Trop de corps à corps où, ivre au milieu du ring, je hurle mes incohérences :

_ Mais qu’est-ce que tu fous avec une ordure dans mon genre ? T’es pas faite pour moi, t’es faite pour rien, pour personne. Casse-toi ! Je suis le fou qui t’aime et que tu n’arrives jamais à comprendre. Toujours trop léger ou trop lourd pour toi, toujours cynique et rafistolé. Ne me pardonne surtout pas toutes mes offenses… Tranche moi la gorge ! Approche toi et tranche ! Fais-le, bordel ! Tu veux que je te montre ? Tu veux le mode d’emploi ? Tu l’as pas vu à la télé ? Moi je t’aime. Je t’aime, je suis un peu saoul mais je t’aime. Il faut que tu m’entendes pour une fois. Pourquoi tu pleures ? Qu’est-ce que je t’ai dit ? Mais occupe toi de moi ! Fais quelque chose ! Parle ! Ouvre ta gueule, putain… Un baiser, donne-moi un baiser !

Les jeunes filles, l'alcool, c'est ça le problème. Je suis tombé dedans quand j’étais petit. Pour m’arracher à l’immonde qui, partout, pose ses sales pattes, j’ai misé toutes mes billes sur la beauté. La beauté des femmes, de la langue et de quelques paysages de la fin de la terre. La beauté des rasades, leur lente morsure tordant le cou à l'effroi. J’ai joué ma carcasse à la roulette de mes excès et tout perdu au fond de mauvaises bouteilles.
Pendant des années, personne n'a rien vu. Peu importe le lieu, je n’en faisais qu’à mes envies. Une sensuelle miss lovée contre moi et un verre de Martini-gin jamais loin. Je parlais de politique et de poésie, de chansons douces et de dessous chics. Les mots s’arrachaient dans leur habit de lumière, succession de fusées qui illuminaient la nuit. Rien ne pouvait m’arrêter et rien n’arrêtait ma descente. Les verres s’alignaient pareils à des cadavres attendant ma bénédiction. En fin de soirée, pour un rien – « On rentre, mon amour ? », venaient les premières colères, les bouteilles fracassées, les tables qu’on renverse, les dérives au creux d’autres corps. Puis les trous noirs. Les matins fumeux où la mémoire se fait la malle, où seul le regard abîmé d'une belle de nuit me rappelait l’ordurerie ininterrompue de mes éclats.
Le résultat ? Entre des murs blancs qui rendent plus fou que les fous, j’écoute le professeur Jevoitou, le chef du service de psychiatrie du Val-de-Grâce, me lâcher :

_ Vous gâchez tout, monsieur Vailland !

Toujours les mêmes mots qui reviennent. Chez Jevoitou, comme chez Elsa et Djamila. Impossible de sortir de ce cercle infernal. Impossible de retrouver la trace du « charmant garçon » que j’étais, celui dont ma mère aime se rappeler quand, chaque jour, elle prend de mes nouvelles.

_ Tu es sûr que ça va ?
_ Oui ça va. Je suis fatigué mais ça va.

Je dis toujours que « ça va » pour ne pas avoir à parler davantage. Je dis que « ça va » pour que ma mère ne s’inquiète pas. Je veux qu’elle garde intact le sourire délicieux qui éclaire son visage.
Ma mère, pourtant, sait que j’ai lâché la rampe. Elle le comprend au son de ma voix, pareille à un chewing gum trop mâché. Il est loin le bambin auquel elle tricotait un bonnet en laine que j'enfilais pour partir – la main dans la main de mon père – encourager le FC Brest-Armorique où brillait un numéro 10 paraguayen nommé Cabanas, prénom Roberto. Il est loin l’ado frondeur qu’elle allait chercher, en pleine nuit, dans les rues qui menaient des bars de Recouvrance à la maison, le même ado qui l’accompagnait au théâtre admirer un solo de Sylvie Guillem. Ma mère se rappelle aussi les blondes poupines, les rousses d’airain, les brunes sanguines, qu’elle découvrait au petit déjeuner, après une soirée où j’avais fracassé sa Ford Fiesta bleue dans un fossé boueux. Elle les aimait bien mes petites amoureuses. Au téléphone, elle termine toujours nos conversations en me demandant :

_ Qu’est-ce qui a bien pu se passer Théo ?

Je lui réponds :

_ Rien maman, il ne s’est rien passé. C’est comme ça…

Au Val-de-Grâce, je ne suis plus qu’un professeur de science politique sans étudiants, un écrivain en cale sèche, un serial loveur alcoolique sur la tombe duquel on pourra graver, en dessous de mon nom :

IL A TOUT GACHE

Le souffle en berne, les jambes coupées, le bide gonflé de larmes incendiaires, il ne me reste que mes souvenirs pour oublier le retour des tremblements, pour ne pas crever tout de suite.

[ à suivre...]

dimanche 30 septembre 2007

Héroïne pas morte

Quand Noémie m’est apparue, elle couchait avec mon meilleur ami. Elle me connaissait ; moi, pas encore. Elle m’avait lu dans la revue Bachi-Bouzouk . Elle n’aimait pas toujours mes mots – sur la gauche, la droite, les terroristes - mais elle les lisait.
Dans ce bar où j’étais comme chez moi – Les petits papiers -, elle a pris tout le monde à témoin, affirmant que j’étais trop dur et méchant avec François Mitterrand. Nous parlions d'un vieux monde, d'un "vieux pays", tout l'immonde s’en foutait et moi je rigolais.
Rapidement, plus rien n’a existé sauf elle et moi. Elle ressemblait à une héroïne de Wong-kar-Waï. Elle était parée de noir, jupe et caraco comme une tombée de nuit. Nous buvions du vin blanc, en jouant du piano sur nos peaux.
Très tard, chez elle, alors que nous terminions une bouteille d’absinthe polonaise, Noémie s’est endormie. Je l’ai regardée longtemps. Je lui ai écrit quelques mots sur une feuille blanche qui traînait. Puis je suis parti. Trois jours plus tard, Noémie me rejoignait à Paris, dans ma tanière.

Descendant du train gare Montparnasse, Noémie avait tout lâché. Mon meilleur ami, ses meilleurs amis, son psy, ses dealers, ses hantises, ses amants, ses cauchemars. Noémie m’aimait. Noémie voulait ma peau et tout le reste.
Le reste ?
L’amour fou que je chéris comme le dernier rejeton des surréalistes, mes mots, mes excès, mes abîmes, mon art de la séduction permanente, ma démarche de danseur cabossé, mes entrechats d’ex-alcoolique pas repenti.
Noémie a débarqué chez moi avec la grâce d’un moineau fragile.

Le premier soir, Noémie m’a embrassé en sortant de la Rhumerie Martiniquaise. Elle était saoule d’avoir voulu me faire boire. Ses lèvres avaient la douceur sucrée du Martini qu’elle venait de terminer. Dans le taxi qui nous ramenait chez moi, Noémie m’a encore embrassé. Sa langue douce était une tétine à sucer pour le gamin obsédé que j’étais. Elle s’est rapidement couché sur mes genoux. Elle voulait parler maintenant, me dire qu’elle m’aimait, qu’elle était heureuse, que j’étais quand même un connard de l’avoir faire boire.

_ C’est toi Noémie qui a commandé.

Sa voix s’éteignait. Noémie allait s’endormir. Ou se tirer dans les bras de miss Gueule de bois. Elle me disait que ma lettre était belle, elle se souvenait de bribes, de lambeaux. Je lui caressais les cheveux, lui demandant de se taire.

_ Je veux juste te regarder.

Le taxi arrivait. Ca ressemblait au début d'une belle histoire destroyée.

vendredi 28 septembre 2007

7 raisons (au moins) de rééditer Edouard Limonov


1 - C'est un écrivain bien accompagné
2 - Ses admiratrices sont fort jolies
3 - Les premières lignes de Autoportrait d'un bandit dans son adolescence gravent au couteau des corps vivants sur le béton : "Eddy-baby a quinze ans. Adossé contre le mur de la pharmacie, il attend, l'air dégouté. On est le 7 novembre. c'est la mi-journée, il fait frais, et les pékins endimanchés - la tribu moutonnière, comme les appelle Eddy, déambulent en troupeau devant lui."
4 - Jean-Edern Hallier l'aimait beaucoup. Et Jean-Edern mentait sur tout, sauf sur les grands écrivains ...
5 - Le poète russe préfère les grands nègres est un titre qui ne ferait rire ni les bobos de gôche, ni les babas de droite, mais qui est très drôle
6 - Oscar et les femmes, c'est Ellis et McInnerney avant Ellis et McInnerney, en plus poétique, en plus tranchant. C'est-à-dire en mieux. Natacha, dans Oscar et les femmes, est une des plus troublantes héroïnes de la littérature : "Il était impossible de ne pas regarder Natacha. Les gens attendaient toujours quelque chose d'elle : elle portait en permanence sur le visage les signes prémonitoires d'un acte extraordinaire."
7 - En vrac : Histoire de son serviteur, La sentinelle assassinée, L'étranger dans sa ville natale, La grande époque, Le grand hospice occidental, Journal d'un raté, Salade niçoise, Le petit salaud, Cognac Napoléon, Des incidents ordinaires, L'écrivain international, Discours d'une grande gueule coiffée d'une casquette de prolo, que du bon et j'en oublie ...

Supplique pour une sexualisation de la vie politique
















"Réformer", "refonder", "ouverture", "sans tabous", "rupture", "faillite" et tutti merdi : mots vides, mortes déclamations dont je me tape. Sous Nico le petit, la grande oeuvre ne doit pas être la relance de la croissance - crime contre le peuple, lire Michéa, Latouche - mais la sexualisation de la vie politique. Partout les seins de Cécilia, le ventre nu de Rama, le cul de Valérie, la nuque de Najat, les cuisses de Ségolène ! Encore un effort, mesdames mesdemoiselles, pour réveiller la République !

Marignac, puncheur stylé

Sur le ouèbe, je trouve beaucoup d'anonymes corbeaux, des fafounets, des cathos sans foi, des neuneus sans frontières. Diable merci, je peux aussi y lire mes camarades Moissonneuses et, depuis peu, Thierry Marignac sur http://chroniquesmarignac.blogspot.com/
Marignac, c'est comme Berthet ou Bonnand, il faut le lire, le relire, urgemment. Pour rendre à l'époque les coups qu'elle nous met. Pour ne pas oublier que le style est le dernier luxe des bandits classieux, des fugueurs hors-pair. Lire Marignac donc, en commençant par Fasciste, initial coup de poing dans la gueule de l'Histoire finissante. Enchaîner sur Cargaison, l'Est comme berceau et décombres, mèche à combustion lente qui allumera l'incendie dans Milana - nom d'une divine héroïne froide en caraco et pantalon de treillis -, dans Fuyards, dans le crépusculaire A quai.
Au coeur de ses textes, Marignac cite Céline, de Roux, Mishima, Rigaud, Mailer - auquel il a consacré un essai particulièrement costaud. Marignac, on le voit, se place du côté des meilleurs, c'est-à-dire des pyromanes solitaires de haute lignée. Pour enfoncer le clou, précisons qu' "un ami très cher" de Marignac s'appelle Edouard Limonov, magistral écrivain russe punk et contemporain. Tout est dit.

jeudi 27 septembre 2007

Les seins de Cécilia

Cécilia,
Tout le monde parle du mystère qui parerait votre personne. Mais de mystère, je n'en vois point. Nous connaissons tout, ou presque, de vous. Votre mari, vos amours, vos moments de "réflexion", vos ennemis, vos robes, vos angines, vos voyages, vos copines, vos filles qui sont fort jolies. Le plus intime, vous l'exposez, comme un trophée de guerre, sur la scène publique, ces tréteaux montés pour un public de prime time et de magazine people. Logique, me direz-vous, le peuple est mort et votre époux piétine, et dépouille, son cadavre.
De ce ramdam, je le sais, vous vous moquez. Ca vous intéresse peu. Ce qui compte, après de si longues années de lutte entre deux coquetèles : les Palaces à l'oeil, la carte de crédit et l'absolution totale qu'offre le pouvoir. Tout pourrait être parfait, tranquille pour vous. Et pourtant, votre époux continue ses salamalecs gonflés de testostérone. Il ne connaît que ça. Après avoir trempé son biscuit, il revient la bouche pleine de "Elle est la plus belle", "Je ne pense qu'à elle", Vous l'aimerez comme je l'aime". Il prend la France, l'Europe, le monde entier à témoin. Il verse des larmes, se touche devant les foules, vous invite à partouzer avec "Double U", le dadais texan. Vous n'en pouvez plus, je vous comprends. Il faut lui faire la nique, le griller sur le terrain du scoop, de l'événement.
J'ai un plan, un truc d'enfer. La presse adorera, le peuple se réveillera. En une du Monde, du Figaro, de Libé', au 20 Heures de PPDA : offrez-nous vos seins. Oubliez Prada et passez un deal avec la peau. Allez jusqu'au bout de la transparence imposée pour la tuer d'une balle dans la nuque.
Vos seins, putain de Dieu, c'est ce qui nous manque. Vos seins pour enrhumer votre époux, baillonner Bernard Kouché, tondre Mariani, empailler Hortefeux. Vos seins pour fusiller les tests ADN, le surplus d'expulsion, les "bombardiers sans frontières". Vos seins, doux et lourds, blanc comme la neige à laper, doperont la croissance, Cécilia. Et puis, j'en suis sûr, votre cadeau à la France incitera Rama Yade, Rachida Dati et Nathalie Kosciusko-Morizet à dégainer à leur tour leurs plus plus belles rondeurs.
Pour charcler votre époux, Cécilia, initiez la dream team des tétons érectiles.
Je vous embrasse et compte sur vous.

mardi 25 septembre 2007

Bonnand est grand !

Le Dictionnaire de littérature à l'usage des snobs et surtout de CEUX QUI NE LE SONT PAS de Fabrice Gaignault est un précieux recueil mêlant raretés, grands crâmés et dandy de haut style. Au milieu de notices précises et stylées sur Albert Cossery, Dominique de Roux, Henry Jean-Marie Levet, Arthur Cravan, Nick Toshes, Guy Dupré, Sunsiaré de Larcône, Frédéric Berthet, Jean-Jacques Schuhl ou encore la Villa Malaparte, ce Scud du prix Pulitzer Edna Ferber au dramaturge Noel Coward qui lui disait "Edna, vous ressemblez presque à un homme" : "Vous aussi, Noel."
Autre bonheur , la lettre B. Prénom : Alain. Nom : Bonnand. Romancier, nouvelliste, obsédé des femmes et du style. Un feu follet des années 80 dont nous ne nous lassons pas de lire et relire Les jambes d'Emilienne ne mènent à rien, Les mauvaises rencontres, Feu mon histoire d'amour. Un vieux garnement revenu, pour un tour de piste, il y a quelques années avec Je vous adore si vous voulez et Il faut jouir, Edith. Quand il évoque une femme de chambre, Bonnand écrit : "Yvonne rentrait vieillie d'avoir passé sa journée à tirer le drap sur les amours des autres." Classe, papatte et volupté : c'est ainsi que Bonnand est grand !

vendredi 21 septembre 2007

Nico a une crampe

En début de soirée, pendant presque une heure, un homme de très petite taille, ravagé par les tics, s'est branlé devant des millions de Français. Plus il se branlait, plus il jouissait de se sentir si puissant entre ses mains. Le plus beau, c'était lui, le plus costaud aussi, le meilleur, le grand chef. Deux habitués du forcené, Arlette et Patrick, ont mollement tenté de le raisonner : "Nicolas, n'en faites-vous pas, parfois, un peu trop ?" Rien n'y a fait. Nicolas ne pouvait décoller ses doigts de sa bite. Nicolas voulait se finir en beauté. Pour s'aider, il a prononcé quelques mots cochons - Fillon, Kouchner, Hortefeux, Morin. Mais ça ne marchait pas, zéro goutte sur le costume Prada. Il a fallu sortir les revues, se coller le nez sur les photos de Rama, Fadela, Rachida. L'effet a été immédiat. Nicolas s'astiquait de plus belle, au rythme de ses tics. Il gueulait : "Elles sont à moi, elles sont à moi !" Au moment de tout lâcher, un incident a gâché la fête. Patrick a fait une bourde, une faute grave. Patrick a demandé : "Nicolas, savez-vous où est Cécilia ?" Nicolas a crié, blanchi, pleuré. Sa bite a alors brusquement disparu des écrans TV. Les Français ont pu reprendre le cours normal de leur vie, pensant très fort, pour certains, aux seins de Cécilia.

Neuhoff après la guerre

Eric Neuhoff est « un enfant des livres, de la province et de la nostalgie ». Il se présentait ainsi dans Comme hier, délicate chronique autobiographique publiée en 1993. Il y évoquait son père, sa femme et son premier fils. Des figures qu’on retrouvait dans Barbe-à-papa et qui reviennent aujourd’hui dans Pension alimentaire. Un roman pour suspendre le temps, l’instant d’un regard aiguisé sur une génération qui titube. La génération en question, celle du héros de Neuhoff - un éditeur parisien quinquagénaire – n’en revient pas du KO brutal qu’elle vient d’encaisser. Rêvant d’aventure, elle n’a trouvé que le mariage, « ce mot qui recouvre les disputes sans importances auxquelles se livrent tous les couples dans la deuxième moitié du XXe siècle. » Au fil des années, les disputes se transforment en indifférence. La guerre est feutrée mais la guerre est perdue le jour où un vieux père malade dit à son fils : « Comment est-ce que tu peux divorcer ? » C’est l’histoire de cette après-guerre que raconte, avec une élégance rageuse et mélancolique, Pension alimentaire : « Le mariage constitua la seule aventure qui nous restait. Nous avons enfilé nos alliances comme on prendrait les armes. Le divorce était une malédiction, une aubaine, un bienfait, un châtiment divin. Il y avait la puanteur de l’échec, cette impression pas si désagréable de couler corps et biens, le silence mortel du crépuscule. »
De Camille, le narrateur ne garde que quelques images aux couleurs passées et des SMS hargneux. Par exemple : « Quel père. Jeune. Brillant. Humaniste. Les enfants s’en rendent compte. Petit à petit. » suivi de « Pauvre homme, dire que tu vas sur ta soixantaine. » Il prend ces fléchettes fielleuses pour ce qu’elles sont : peu de choses. Il y voit la confirmation qu’ « il n’y avait plus moyen de vivre avec cet amour mort entre nous, comme le cadavre d’un enfant noyé. » Ce qui, par contre, lui est insupportable, c’est le nom que prononce Camille après lui avoir annoncé : « Je suis avec quelqu’un. ». Pierre Maurin, l’ancien voisin du couple, un publicitaire fier de ses « vingt briques par mois ». Mais Pierre Maurin était surtout devenu son comparse de célibat. Disparaissant du jour au lendemain dans les bras de Camille, Maurin trahit l’amitié, cette noblesse de l’âme qui réunit les mâles solitudes autour d’une bonne bouteille, de mots embrumés et de la vision de Linda Fiorentino dans Last Seduction.
Personnage caricatural d’une époque dont la morgue se perd lentement dans les désillusions, Pierre Maurin va morfler pour tout le reste, pour la douleur qu’on tait : le père qui meurt, les enfants qu’on ne voit plus, qui manquent atrocement. En puncheur facile, Neuhoff l’achève comme il se doit : « Je t’emmerde Pierre Maurin […] Tu baises mon ex-femme. Tu as des costards sur mesure. Tu joues les patriarches avec mes fils. Quelqu’un de meilleur que toi aurait été dévoré par la honte et le dégoût. Mais tu n’es rien d’autre, avec ton ego si fragile et envahissant, qu’un de ces frimeurs à lunettes de soleil qui se garent en double file avenue Montaigne, un ivrogne tiré à quatre épingle. Le seigneur des bars à putes, mister Partouze number one, le baiseur hors-norme, le queutard né, le Don Juan des couches-culottes et des yaourts allégés. » Après la guerre, la guerre continue…
in L'Opinion indépendante, le 21/09

dimanche 16 septembre 2007

La charge de Taillandier

Il faut lire François Taillandier. Tout Taillandier. Ses romans comme Des hommes qui s'éloignent, Anielka, la suite "La grande intrigue" avec, déjà publiés, Option Paradis, Telling, Il n'y a personne dans les tombes. Ses essais sur Borges et Aragon. Son Journal de Marseille. Il ne faut pas oublier de lire, tous les jeudis, ses chroniques données à L'Humanité. Il y scrute les tristes temps où nous vivons, ne laisse rien passer de la saloperie à l'oeuvre, rend les coups avec l'élégante classe de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Des charges terribles à ne pas manquer :

"Je crois que j’ai trouvé quelque chose à propos de ce nouveau style présidentiel qui intrigue la France, avant de lui casser les pieds (ce qui, à mon avis, ne tardera sans doute pas). Ce style qui sert à dire à tout instant : voyez, je suis infatigable, ultra performant, toujours sur la brèche, je suis un battant, un concentré d’énergie active, un hyper-manager en acier trempé. Ce style, mais voyons, c’est le style déjà vieux, déjà ringard peut-être, de l’entreprise moderne, qui ne parle qu’excellence, performance, compétitivité, voire même, dans ses grands moments créatifs, hyper-réactivité hi-speed (si, si ! ça existe !). C’est ce discours cynique et lyrique qui dit adaptez-vous, mobilisez-vous, faites-en toujours plus ! C’est le mot d’ordre au nom duquel le cadre stressé par l’obsession du résultat tremble d’angoisse au lieu de dormir, quand il ne se sustente pas aux anxiolytiques ou aux amphétamines. C’est le mot d’ordre au nom duquel il fabrique sa dépression et de temps en temps son suicide. C’est le mot d’ordre imposé à des peuples entiers, désormais coupables s’ils regimbent devant les impératifs d’une mondialisation capitaliste menée à coups de casse sociale. C’est un style qui cherche à nous dire : nous ne devons pas seulement nous soumettre, nous devons en être heureux. Nous ne devons pas seulement en baver, nous devons clamer que nous aimons ça. C’est le discours déjà éculé d’un capitalisme qui, n’ayant longtemps demandé à ses salariés que leur force de travail, a, dans la dernière période, voulu aussi leur âme."

Ces hommes sont dangereux







"Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît." Michel Audiard