dimanche 25 novembre 2007

Pantani toujours

Philippe Brunel publie, chez Grasset, "Vie et mort de Marco Pantani". Des mots de journalsite pour se souvenir du Pirate. Mieux que rien. Mais pas assez. Il faut se souvenir de Marco et le revoir comme je l'ai vu, il y a quelques années. C'était dans les Alpes, dans le col de Joux-Plane, avant Morzine. J'ai vu, entre des motos pétaradantes, Nijinski passer sur les ailes du vent. Un monstre lutin qui me rappelait que les dieux, ici-bas, dansent sur les hauts sommets.

Rock n' Drunk Punch love (Héroïne pas morte 2)

Le 6 juillet 2002
Elle m'appelle
Je suis sur un lit d'hôpital
dans le sud de la France
le poumon droit en charpie
Elle me dit qu'elle viendra
Elle est venue
A Paname (l'asphalte est à elle)
A La Roche-sur-Foron (le café de la Poste)
A La Garde (vue sur le mont Faron en flammes)
A la Pointe Saint-Mathieu (l'écume se boit au goulot)
Elle est restée
Elle m'aime
Elle s'ennuie
Elle m'aime encore
Elle me déteste
me cogne "parce que je le vaux bien", of course
Ma machoire s'en souvient
Mon nez aussi
La faute à l'arrogance
aux piques acérées
aux déculpabilisatrices jouissances
aux paroles vaines et trafiquées
Ces effrois du milieu de la nuit
Le 24 novembre 2007
Elle m'aime toujours
je crois
en s'endormant
le chat Pablo à ses pieds
lunettes noires
cachant des yeux tristes

mardi 20 novembre 2007

Quand Amy rencontre Drieu

Il faut écouter Amy Winehouse
Certaines, certains, par ici, le savent et l'écrivent
Lire l'ami Smith-Garcia :http://lesmoissonneuses.blogspot.com/2007/11/yeah-2.html
Il faut offrir la voix d'Amy Winehouse à la femme qu'on aime
Elle le téléchargera sur son Ipod et l'écoutera pendant les grèves
Il faut aussi écouter Daniel Darc
Tout Daniel Darc
Et s'arrêter sur Le feu follet
Dans les mots de Darc,
Dans les images qui s'y collent
Vous verrez
le fantôme de Maurice Ronet
le fantôme de Drieu
murmurer à la pluie
" Si je suis ton ami,
aime moi comme je suis"
Vous verrez aussi les aigreurs
s'envoler comme une mèche légère
soulevée par un vent redevenu calin


Un drôle d'histoire de noeuds

Quand Pierrot parlait, il aimait évoquer Henry Miller, les femmes qui passent et puis aussi Claudio Chiappucci dans la montée de Val-Louron en 1991. Un mec bien, Pierrot. Il venait de s’installer avec une jolie demoiselle prénommée Catherine. Tous les week-end, le jeune fils de Pierrot les rejoignait dans leur appartement de Saint-Mandé. Les gens qui ne comprennent rien disaient que Pierrot avait « tout pour être heureux ». Il faut dire que Pierrot gagnait un max de money, qu’il buvait les meilleurs alcools et portait les tissus les plus précieux. Un reflet de rêve pour une époque pourrissant en accéléré.
Une fin d’été, en vacances sur les bords du lac Léman, Pierrot a posé, en souriant, des questions bizarres à ses amis. Des histoires de nœuds qui ont fait rire tout le monde, Pierrot le premier. Pierrot riait car un médecin lui avait donné, sans y toucher, la bonne réponse. Il s’est resservi un verre, puis un autre. Pierrot était heureux. Il pouvait maintenant se taire et attendre un matin d’octobre.
Avant que la jolie Catherine ne quitte l’appartement, Pierrot l’a embrassée tendrement. Il lui a dit qu’il serait en réunion toute la journée. Pas joignable. Catherine a répondu, comme d’habitude : « A ce soir, mon amour. » Quand elle est rentrée, vers 21 heures, Pierrot l’attendait derrière le bar américain. Un sourire mélancolique aux lèvres. Catherine craquait pour ce sourire. Dès qu'elle l’apercevait, elle se moquait que Pierrot ne veuille plus d’enfant. Elle se foutait de son caractère de merde et des mots blessants. Catherine voulait lui dire tout ça, se lover contre lui. Catherine, en fait, avait très envie de baiser. Elle a regardé Pierrot une nouvelle fois. Derrière le bar américain, il l’attendait. Pendu. Le nœud était parfait.

samedi 17 novembre 2007

A sec

Plus de mots
Plus de salive
Trop de merde
non trafiquée
au dedans
Pas d'excuses
J'ai tiré toutes mes balles
dans l'ombre de ce que je suis

vendredi 16 novembre 2007

Jeunes filles post-Meetic

Elles se rendent pas compte, bien sûr,
quand minuit passe
que les vieux messieurs du monde d'avant
ont dans la tête
des bulles, des bulles, encore des bulles
et le parfait souvenir
de leur sourire
qui se plante là
où les frissons dansent la salsa
Elles se rendent pas compte,
bien sûr,
quand le froid mord les peaux,
que les mots les plus dégueulassement chargés de mort
cachent parfois,
dans le coeur fatigué des vieux messieurs du monde d'avant
un peu de beauté
pas encore morte

Elles se rendent pas compte,
bien sûr,
au petit matin des tremblements,
que les balles qu'elles tirent,
pleine tête des vieux messieurs du monde d'avant,
ont la classe folle et violente
d'une vengeance
signée
Stringer Bell ou Avon Barkesdale

Elles se rendent pas compte,
enfin,
à l'heure du spleen,
qu'elle devrait écouter
Daniel Darc
lui qui chante
"Je me souviens, je me rappelle
Ces temps, ces lieux, chers à mon cœur
Le jour baissait, j’étais près d’elle
Je me foutais bien du malheur"
Et puis aussi
"Je me souviens, je me rappelle
très doucement jouait le vent
Alors elle me semblait si belle
Alors, moi j' avais tout le temps"

mardi 13 novembre 2007

Léo Ferré - C'est extra - Bobino 1969 (encore)


Léo Ferré - Bobino 1969
Vidéo envoyée par Nicoyote
Lu sur un beau blogue cavalier une grosse bêtise : la langue française serait "naze" en musique. Ecoutons juste Léo, la plus belle chanson du monde, écoutons :
" Une robe de cuir comme un oubli
Qu'aurait du chien sans l'faire exprès
Et dedans comme un matin gris
Une fille qui tangue et qui se tait
C'est extra "
Putain de langue qui, en musique, esquisse la silhouette des exquises demoiselles de nos coeurs.

lundi 12 novembre 2007

Nuit bleue - lettre à Yvan Colonna

Colonna mis aux arrêts le 7 juillet 2003, présumé coupable par tous, jugé aujourd'hui. J'ai le souvenir d'une lettre écrite, il y a bien longtemps, sur la terrasse d’un café de Porto-Vecchio, avant l'arrestation.

Mon cher Yvan,
J'ai sous les yeux une lettre que tu envoyas le 4 janvier 2001 à U RIBOMBU, lettre de fugue, lettre du maquis, lettre postée à Paris, mais rédigée, je le sais, au milieu des sentiers escarpés, dans les cascades de rocaille des collines bleues de Cargèse, lettre s'ouvrant comme une coque de bateau sur des mots de houle :
« Cela fait quasiment 18 mois que j'ai quitté mon domicile. Depuis je suis sans nouvelles des miens comme eux le sont de moi. Si je m'exprime aujourd'hui, c'est pour répondre aux accusations portées à mon encontre. »
Le 6 février 1999, le préfet Erignac s’est écroulé, assassiné par des balles qui seraient tiennes. Jospin, qui versait sa larme à chaque commémoration, craignait les branlées électorales, et ne connaissait rien aux âmes hantées par les silhouettes maures, faisait le malin : « Colonna aura des comptes à rendre à la justice. » Ta réponse, Yvan, lui cloua le bec et traça le sillon de ta fugue :
« Je nie avec force les faits qui me sont reprochés dans l'affaire Erignac. Je n'y ai pas participé ! A ceux qui me demandent de me présenter devant la justice, je répondrai que cette justice qui a incarcéré le pauvre Marcellu Lorenzoni 18 mois avec un dossier vide et qui a relâché après deux mois de détention l'infâme Bonnet et ses sbires qui avaient comme projet celui de relancer la guerre entre nationalistes, je ne peux la cautionner. Je ne pense pas un seul instant me rendre à la justice ! »
Sous mes yeux, ta lettre, et pas loin, ta gueule, ta photo, le cliché qu'ils ont affiché partout, dans les mairies, les postes, les gendarmeries, les nurseries, les bars échangistes. En République française, on affiche les prix, ses intentions de vote, son antifascisme, sa tolérance et la trogne des derniers fugitifs à passer par les armes. Colonna : Wanted dead or alive!
Où te cachais-tu, Yvan ? Je n'en sais rien, et ne veux pas le savoir. Le fugueur est un poète des sentiers connus de lui seul, c'est un raseur des briques blanches, des ruelles que tutoient les hautaines étoiles lovées dans les poils d'un chat noir.
Tes mots, plus que tout, me parlent de toi, et de la Corse, d'une déchirure de poussière hors de l'immonde, hors de la France que les français font, malheureusement, si petite.
Tes mots ne m'entretiennent jamais d'« une affaire d'Etat », d' « un fait-divers sanglant », comme ils disent. Tes mots évoquent un drame, celui d'un homme exécuté, et celui d'un berger dans la chevelure de ses monts, un berger qui, lorsqu'il saisit sa plume, « veut profiter de l'occasion pour faire savoir à (son) épouse et à (son) fils adoré, à sa mère tant aimée, à toute sa famille, à tous ses amis qu'il est en bonne santé et que le moral est d'acier. »
Dans tes mots, j'ai vu un drame et j'ai vu une nuit bleue sans cesse bafouée, salie, niée par les petits marquisards hexagonaux, par l'orifice Mamère qui ne voyait en elle qu'un « virus ».
Oui, Yvan, pour le « vert » Mamère, l'île de Beauté est un « virus », c'est-à-dire une saleté à pulvériser.
Dans tes mots, j'ai vu une nuit bleue dessinant les contours d'un homme, toi, dans les bras d'un autre, un Monseigneur du nom de Marchiano, Archimandrite de Cargèse :
« Cette histoire, c'est une sorte de poignée de boue qui nous a été lancée au visage. Si Yvan vient me voir, je lui dirais : si tu es coupable, va le dire à qui de droit. Mais pour le moment, je n'ai aucun élément objectif pour dire qu'il l'est. »
C'est au nom de cette nuie bleue que je te salue, Yvan. François Santoni s'est fait la malle, Jean-Michel Rossi aussi, et tous les autres, et la Corse de septembre, celle des sourires d'une libellule sur la plage de Palombaggia. Ne restent que les gouttes de pluie, le silence des claquettes sous un parasol et les vieilles royalement taiseuses.
Ciao Yvan, planque-toi, n'avoue jamais ce qui doit se taire et prends soin de toi.

"Guy Moquet est le premier mort de la prochaine guerre" - M.E. Nabe

Il faut lire Nabe, toujours.
Son Billie Holiday.
Au Régal des vermines
Rideau
Nuages sur Django
Entre autres
Et puis ses tracts.
Le dernier casse encore la baraque :

Elles se rendent pas compte

Kylie Minogue, chantant avec Nick Cave et Shane Mac Gowan Death is not the end, est vraiment jolie.
Les blondes passantes du 8e, portant crucifix et rose aux joues, aussi.
Hasta Siempre par Nathalie Cardone me rappelle qu'il a existé des brunes Guévaristes.
C'était la fin des années 90, je crois.
Aujourd'hui, des jeunes filles aiment
leur père
Jean-Paul II
et Sankukaï
et puis "Alice au pays des merveilles" aussi.
Ca déchire les naïades post-Meetic.
Je me souviens d'une rousse belle comme Mylène Farmer et Axelle Red :
Elle s'appelait Candice.
Elle n'embrassait que les plus laids
telle Cass
dans "La plus jolie fille du monde"
de Charles Bukowski.
Cass, pourtant, n'a qu'un visage :
Ornella Muti.
La chatte d'Ornella Muti
dans les années 80
me fait penser à la chatte de Catherine Spaak
dans les poèmes de Jérôme Leroy.
Je n'oublie pas
Valérie Kaprisky
Marushka Detmers
Béatrice Dalle
et puis Asia
toujours Asia.
Les yeux d'Asia
dans New Rose hotel
sont un tatouage qui nous désape.
On dirait les yeux d'une plume d'ange.
Et puis il y a
les vieilles
les mortes
les malades.
Et puis
il y a "Les petits papiers"
Mélodie gainsbourgeoise post-cure
Asiat féerie
au rendez-vous de l'amour fou
Folie et plomb dans l'aile
Neurones toujours en vrac
Coups du sort et coups dans la gueule
Seins petits
et beaux comme Shu Qi.

L'Amérique de Sarko ? Rage Against the Machine


Rage Against the Machine - Killing in the name
Vidéo envoyée par Duketrasher
Remplaçons les applaudissements accueillant Nico le petit au Congrès US par la voix de Zach de la Rocha et ses camarades zikos. Une répétition pour les grèves à venir. Un salut au pécheur du Guilvinec dont les mots au Président viennent du coeur et des tripes : " Enculé ! Tu gagnes combien ? Tu t'augmentes de 140 % ? Si je descend te le dire en face, je te mets un coup de boule !" Précision pour certains : on ne parle jamais en face de Nico le petit. On parle en face des 25 bodyguards devant Nico.

samedi 10 novembre 2007

Une claque pour Nico le petit

Nico le petit - qui aime Chimène Badi, Sardou et Marc Lévy - se permet de saluer la dépouille de Norman Mailer. Benamou ou Guaino lui ont torché quelques lignes qu'il balance aussitôt. On peut lire notamment : "Il incarnait aussi l'un des héros, l'une des consciences de cette Amérique que je saluais, il y a quelques jours. "
Nico est un salaud. L'Amérique de Nico n'est pas l'Amérique de Mailer. Mailer qui disait : « Je me sens assez malheureux à cause de mon pays. Il n'est pas devenu aussi grand, aussi noble que je le souhaitais. » Mailer qui disait encore : "Nous sommes en mauvais état ! Nous sommes gouvernés par des faussaires : il y a une aspiration au changement. Nous avons honte de ce gouvernement, non seulement du point de vue de la morale, mais aussi au nom de l’efficacité." Mailer qui disait enfin : "Nous sommes 300 millions, et les attentats du 11 Septembre ont entraîné la mort de 3 000 personnes. Au risque de vous choquer, je me demande : sommes-nous si faibles qu’il fallait geindre telles des souris piégées ? Si douloureuse soit-elle, ce fut une égratignure sur notre carapace. Et nous voilà embarqués dans une guerre absurde, sans but ".

L'Amérique de Nico n'a rien à voir avec Mailer et les figures qui le fascinaient : Mohammed Ali, Marylin mais aussi les détraqués nés du système US. Norman aimait l'ombre et la lumière. Nico ne bande que sous les sunlights.
Sur Mailer, Nico doit se taire. Il ne l'a pas fait : il mérite une claque. Nico devrait plutôt chercher une femme pour ses nuits solitaires et nous laisser lire, relire, les mots explosifs de Mailer.
Lire aussi - comme toujours - ce que dit le camarade Marignac de Mailer : http://chroniquesmarignac.blogspot.com/2007/11/le-vieux-lion-nest-plus.html

Blues d'automne

Pour laisser infuser le blues d'automne,
J'allume une Bastos
que je fume en regardant
le corps endormi
de ma muse mimosa
Un corps sur lequel s'impriment
le noir de la nuit
le noir d'un caraco
le noir de sa motte
Il faudrait être fou pour
d'un mot de trop
abîmer les songes des muses mimosa
et chasser
le blues d'automne.