lundi 29 mars 2010

Exergue stylée


"Dans la salle de bains, Kléber resta assis sur le bord de la baignoire. Cynthia fermait les yeux sous la caresse de l'eau. Il la trouva belle comme jamais jusque-là. Il n'était plus qu'un voyeur attentif qui essayait de façon assez désespérée d'enregistrer le moindre détail de la scène. Il eut envie d'écrire un livre très mince, très mode et d'une écriture très classique sur Cynthia. De courts tableaux : Cynthia au casino, Cynthia pendant l'amour, Cynthia sous la douche. Un livre inutile, élégant, irremplaçable comme seul Chardonne savait en écrire à la fin de sa vie."
Jérôme Leroy, L'Orange de Malte, éditions du Rocher, 1989

dimanche 28 mars 2010

Un ouiquende de printemps


Un ouiquende de printemps, un grand-père s'en va, après avoir dit au-revoir à ses montagnes de Savoie, à son fils, à sa petite-fille. Je l'ai aimé sans le connaître, dans tes mots. Sur ses lèvres d'avant la fin, je suis sûr, un sourire. La souffrance, si souvent, se tue d'un sourire offert, de loin, à la plus touchante des demoiselles.
Un ouiquende de printemps, un peu de pluie, puis le soleil. Tes larmes ont été bues par la nuit. En terrasse, Paris 14e, tu portes le même caraco que le jour de ton apparition. Avenue du Général Leclerc, je te désire au rythme sensuel de tes talons sur l'asphalte. Derrière mes lunettes noires, je sais que avant, pendant, après (l'amour), tu es l'autre nom de la grâce.
Un ouiquende de printemps, le temps est trop court, comme mon souffle coupé. Restent le goût du sexe sur la peau, Amor amor dans ton cou, l'ivresse lunaire du Pinot gris, de la vodka, le parfum mentholé de nos fumées, les mots d'Olivier Frébourg - Souviens-toi de Lisbonne - , de Charles Bukowski -"La plus jolie fille de la ville" -, les mots des tristesses d'hier, des étés enchanteurs de demain. Restent l'envie de Naxos, des îles, de tes grains de beauté à la plage, de ta bouche et de ta langue française qui réinventent les braconnages infinis, les braconnages qui aimantent.
Un ouiquende de printemps, tu es la précieuse héroïne de ma dolce vita.

samedi 20 mars 2010

Il prima notte di quiete






Un jour, tu verras,
tu regarderas,
allongée au plus près de moi,
mes insomnies en fuite,
Il prima notte di quiete,
le film de Valerio Zurlini
dont je t'ai tant parlé.
A Saint-Malo.
Au Crotoy.
A Trouville, hôtel Flaubert, chambre 31 où, te caressant belle endormie, je relisais L'Orange de Malte, Le cimetière des plaisirs, Un dernier verre en Atlantide de Jérôme Leroy, poète du monde d'avant, de l'immonde du jour et ami si précieux.
Je te parlais d'Alain Delon paré d'un manteau beige,
cigarette aux lèvres,
regard de flamme épuisée,
arpentant la jetée de Rimini,
sur le fil des vieilles mélancolies.
Je te parlais de Sonia Petrova, tu sais pourquoi.
L'apparition de Sonia Petrova dans une salle de cours.
Le visage modiglianesque de Sonia Petrova.
L'amour fou dans les yeux de Sonia Petrova.
Le sourire fragile de Sonia Petrova.
Les baisers de Sonia Petrova.
L'érotisme insensé de la silhouette de Sonia Petrova, ses épaules, sa nuque, ses seins, son cul, ses cuisses, ses chevilles - point final de grâce, fines attaches du temps retrouvé.
Un jour, tu verras,
tu regarderas,
allongée au plus près de moi,
mes insomnies en fuite,
Il prima notte di quiete,
et je te dirai que mes nuits, mes aubes de grand fêlé du bel aujourd'hui,
appartiennent
à la peau de la plus jolie fille de la ville,
à ta peau des frissons offerts,
à ta peau où les grains de beauté ont le goût des baisers d'été.





vendredi 19 mars 2010

Alain Bonnand is back - le 25 mars, éditions ALPHEE collection "Les Inclassables"



« Ah, Alexandrine, vous ne devinerez jamais ce qui vient de m’arriver, il y a juste un moment, alors que je sortais tout guilleret de chez le coiffeur… Qu’est-ce que je trouve sur mon chemin, qui n’aurait pas dû être là, entre chien et loup, à faire le trottoir, sans grand conscience du lendemain, attaché à la grille du boucher ? Dites !... Oui, presque ça : une biquette ! Et hop – cette grande allure vive qui me fait voir l’obstacle alors qu’il est déjà trop tard – par-dessus ! Le visage au sol, le nez tout éraflé ! Ah, ç’a été fameux ! La scène, malheureusement, n’a pas eu de témoins : l’animal n’a émis qu’un faible commentaire et je me suis relevé tout de suite…
Chez moi, je viens d’indiquer que j’avais trébuché, sans autre explication. Cette rencontre, du sportif et de la biquette, ç’aurait été sans doute bien cocasse à raconter, mais je me suis retenu de peur qu’il ne soit fait un rapprochement compromettant pour l’appétit entre le sort réservé à la pauvre bête et les côtelettes d’agneau minuscules mais savoureuses que je sers à table, trois chacun, une fois par semaine le midi…
»
Nous sommes fin 2003. Alexandrine, grande voyageuse, jeune collaboratrice des éditions Mille et une nuits, est à Paris, dans son bureau. L’auteur, lui, se trouve à Amman, en Jordanie, expatrié avec toute sa petite famille et le chat Lewis. Pour les besoins du livre qu’il publie à ce moment-là, Cécile au diable, il engage une correspondance avec l’éditrice, une correspondance électronique. Et aussitôt, pour lui faire plaisir, parce qu’il a du temps à perdre et qu’il aime ça, il lui raconte par le menu, en petites tranches, la vie qu’il mène au Moyen-Orient…
Léger, drôle, piquant et stylé comme s'en souviennent les lecteurs de Feu mon histoire d'amour, des Jambes d'Emilienne ne mènent à rien, de Martine résiste ou encore des Mauvaises rencontres, Alain Bonnand revient faire un petit tour du côté des lettres. Un sourire, un salut et des mots, offerts à Alexandrine, qui n'en font qu'à leur fête...