lundi 12 avril 2010

Leroy sous le soleil, exactement ...


Cet été, sur la plage, en terrasse, fin de la terre, plein sud, partout, sous le soleil exactement : lire, relire Physiologie des lunettes noires de Jérôme Leroy.
Laisser le vent chaud caresser la couverture rouge, noire, sensuelle illustrée par Laurence Bériot.
Laisser le sable se glisser entre des pages où la langue de Leroy n'en fait qu'à sa fête stylée, comme dans Un dernier verre en Atlantide, comme dans Le déclenchement muet des opérations cannibales.
Laisser les silhouettes joliment hâlées de Monica Vitti, de Catherine Spaak, d'Audrey Hepburn, des filles de Lui, de Playboy, matadorer le vent par la seule grâce de leur apparition.
Communiste, dandy, réactionnaire, amoureux de la peau des héroïnes, entre autres qualités, Leroy a écrit un livre que, déjà, les derniers jouisseurs et les ultimes jouisseuses du monde d'avant - ce lopin d'âme où la beauté, encore, était, un beau soucis -se transmettent comme un mot de passe vers les plaisirs enfuis. Lovés contre les exquises réenchanteuses des temps où nous vivons, Pasolini, Bukowski, Jacques Rigaut, La Rochefoucauld, Ballard se sont invités au coquetèle. Ca boit, ça fume, ça danse, ça flirte. La fin des années 70, les années 80, le souvenir de l'URSS, se pointent avec la délicatesse d'une tombée de nuit. Aux ordres des étoiles, Ray-Ban sur le nez, chacun vide son chargeur dans l'immonde de Nico le petit. Puis Serge Gainsbourg et Anna Karina s'enlacent, chantent et slowent : "Ne dis rien, n'aie pas peur, ne crains rien de moi /Suis-moi jusqu'au bout de la nuit / Jusqu'au bout de ma folie."
Dans les mots de Leroy, la plage est à nous.

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