samedi 29 mai 2010

Etre ivre dans un train et déclamer un texte situ jusqu'à ce qu'un photographe iranien neuneu croit voir apparaître Ahmadinejab ...


Il faut dire merci à Reza d'avoir filmé, dans le train qui ramenait quelques écrivains du festival "Etonnants voyageurs" de Saint-Malo, le happeningue de Sébastien Lapaque lisant un tract situ terrible quant aux dérives des gauchistes institutionnels d'hier.
Ecrivain de grand style, chroniqueur percutant des tristes temps où nous vivons - lire impérativement son journal de fugues et de fulgurances, qui vient de paraître, Au hasard et souvent (Actes Sud) -, lecteur de Saint Augustin et d'Orwell, de Pasolini et de Bernanos, de Debord et de Paul-Jean Toulet, Lapaque s'y révèle un acteur parfait, habité par une ivresse joyeuse qui colle à merveille à son pastiche de l'oraison funèbre de Jean Moulin par Malraux. Sa tirade provoque les rires de quelques camarades, parmi lesquels Aurélien Masson - boss de la Série noire - et Olivier Maulin, romancier tonitruant et audiardesque.
Reza, lui, filme mais ne se marre pas. Reza ne doit pas souvent se marrer. Reza préfère voir, en Lapaque, un suppôt de Pétain. Reza a peur, il tremble, il flippe sa race. En effet, Sébastien, ne goûtant guère qu'on lui parle bêtement de Pétain, se moque de lui. Et ses insultes sont terribles : il évoque la France des terriers et de Jojo lapin.
C'en est trop pour Reza. Lui qui a connu toutes les guerres, la prison, lui qui est un martyr forever, se doit de dire la vérité et, de préférence, de la dire à un journaliste qu'il appelle, en larmes - le photographe iranien est neuneu mais, surtout, il est sensible, forcément sensible. Ecoutant Lapaque, Reza aurait été confronté à la nouvelle menace fasciste : il a vu Ahmadinejab aux portes de la France. Et, de son corps, de toute son âme qui souffre, il se battra. En portant plainte aussi, faut pas déconner. C'est à la mode et c'est mieux pour s'assurer une pub maximum.
Que dire d'autres ?
Se souvenir de Michel Audiard - "Les cons, ça ose tout, c'est à ça qu'on les reconnaît !"-, se plonger encore dans les mots de Sébastien Lapaque - son regard pamphlétaire lumineux sur la France de Sarkozy dans Il faut qu'il parte (Stock) - et tchiner amicalement, Drappier zéro dosage, avec lui comme nous le faisions, jadis, en terrasse du Comptoir du relais, chez Camdeborde, du côté d'Odéon avec les amis Authier et Leroy ...

1 commentaire:

Jérôme Leroy a dit…

...et on va s'arranger pour remettre ça, cher Pirate, d'ici pas longtemps, histoire de célébrer la victoire sur les buveurs d'eau de l'antiracisme d'Etat qui, pur le coup, ont particulièrement mal choisi leur cible.