vendredi 28 mai 2010

"Passion et alcool" : Du soufre au coeur lu par Philippe Lacoche (sous l'oeil, à tomber, de Zoé Félix ...)


Dans Le Courrier Picard du 27 mai, Philippe Lacoche, écrivain que nous aimons beaucoup - lire, notamment, ses nouvelles, ses chroniques et son dernier roman La maison des girafes (Alphée) -, livre sa très belle lecture de Du soufre au coeur. Ca nous plaît et ça plaît aussi, terriblement, à Zoé Félix, fatale héroïne de Déjà mort, film oublié, et du Coeur des hommes, dérive douce et légère où elle est un joli hasard du beau bizarre, une exquise matadoreuse du temps qui passe ...
"Dans quel état se retrouve-t-on quand la femme qu'on aime, qu'on aime passionnément décide de vous quitter ? C'est l'une des questions que se pose Arnaud Le Guern (à qui l'on doit notamment « Stèle pour Edern », chez Jean Picollec, en 2001, et « Nos amis les chanteurs, dernière salve, chez Alphée en 2009, co-écrit avec Thierry Séchan) dans son premier roman « Du soufre au coeur ».
Sa réponse est terrible. Le jeune narrateur du livre, écrivain écorché vif, se retrouve dans un hôpital pour se soigner de ses excès alcooliques. Mais surtout pour se soigner de l'absence d'Elsa, la femme de sa vie à qui il voue une passion sans limite. Le portrait qu'il dresse de lui-même est sans concession : « Aristocrate échoué à l'asile, oiseau fou mazouté, vieux gamin français passé trop vite des jupes de sa mère aux jupes des filles, jouisseur au regard froid, plaisantin du plaisir, dandy de foire, picoleur assermenté, enfant du siècle passé à tabac, socialo suicidé, idiot inutile, coco fascistoïde, prof de merde, écrivain de basse-fosse, pouilleux sans dieux, ni maître - sauf les miens ! - franc-tireur jamais partisan, derviche blasphémateur, Zorro au coeur qui pleure, fada du fado, de la peau et des frissons. »
Voilà qui est dit. Comment peut-il survivre dans cet hôpital, sans elle, sans alcool ? Cette cure de désintoxication sera difficilement supportable. Sous la surveillance à la fois attentive et glaciale du Dr Jevoitou, il tente de faire le point sur sa vie, sur la vie.
Il fera la connaissance de Djamila, adorable et violente jeune femme, qui, comme lui, s'est retrouvée en soins psychiatriques. Et naîtra une nouvelle histoire d'amour. Djamila, à la fois insaisissable, perturbée, délicieuse, parviendra-t-elle à lui faire oublier Elsa ? Elle possède tous les atouts pour cela : « Pour m'arracher au manque de folie des fous, Djamila s'est pointée. Elle vient de mon imagination - Schéhérazade -, de mes insomnies et des livres. Une héroïne à laquelle André Breton aurait pu donner vie. Une héroïne dont l'extravagance se boit cul sec, dont le plaisir appelle d'autres cieux que le premier étage de l'aile B du Val-de-Grâce, service psychiatrique. »
Mais - car il y a un « mais » et de taille !...- les choses ne seront pas simples. Et Arnaud le Guern de nous donner à lire cette terrible chute.
Ce premier roman brûlant, passionné, remarquablement écrit, séduit par sa sincérité, son ton et ses personnages jusqu'au-boutistes. À consommer sans modération."

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